telharmonium – n. m.

Instrument de musique électromécanique à clavier inventé par Thaddeus Cahill au début du XXe siècle aux États-Unis et destiné à une transmission par téléphone.

Synonyme : dynamophone

Remarques :

1. Dans l’univers de la musique électroacoustique, le compositeur Pierre Schaeffer, né en 1910, a pour sa part utilisé le terme « dynamophone » pour désigner « (…) cet état intermédiaire de la réalisation de la voix enregistrée dans le cas particulier d’une réalisation dynamique, par opposition à une réalisation statique1. » Par contre, une recherche sur Internet à partir du terme « dynamophone » mène à l’instrument de Cahill plutôt qu’au concept défini par Schaeffer.

2. Le texte du brevet de l’instrument, tel qu’écrit par Cahill en 1897, ne fait pas mention de « telharmonium » ni de « dynamophone » et s’en tient au générique « apparatus », c’est-à-dire « appareil ».

Le telharmonium, ou dynamophone, est considéré comme le premier instrument électrique. Les impulsions électriques à l’origine du son émis étaient en effet produites par des dynamos, ces dispositifs capables de convertir l’énergie mécanique en courant électrique. Le nom de « dynamophone » correspond donc à cette composante essentielle de l’instrument. Son autre appellation, « telharmonium », réfère à son mode de diffusion, le téléphone – les systèmes de haut-parleur n’existaient pas encore à cette époque. Il était donc possible, à New York, d’écouter la musique du telharmonium en s’abonnant à ce service de diffusion musicale. Le concept connut un certain succès, mais il fut bref. L’instrument pesait plus de 200 tonnes et avait coûté, à l’époque, 200 000 $ à produire. Difficile, dans un tel contexte, d’assurer la viabilité économique du projet. Aucune des trois versions qui furent construites n’a été conservée et aucun enregistrement n’a subsisté jusqu’à nos jours. Le telharmonium est un instrument polyphonique, c’est-à-dire que plusieurs notes peuvent être jouées simultanément. Les touches de son clavier permettaient également une variation de l’intensité sonore en fonction de la pression exercée sur celles-ci. Le concept des roues phoniques (la partie mécanique de l’instrument) a par contre été repris, en version réduite, dans la fabrication de l’orgue Hammond. Le compositeur de musique électronique Edgar Varèse s’en est également inspiré pour ses créations.

1. Le Tinnier, Fabien (2014), « Dynamique de la voie enregistrée selon Pierre Schaeffer (1941-1963) », Entrelacs (En ligne), http://journals.openedition.org/entrelacs/621 (page consultée le 28 octobre 2020).

Sources :

Cahill, Thaddeus (1897), “Art of And Apparatus for Generating and Distributing Music Electrically”, Letters Patent no 580,035, United States Patent Office (En ligne), https://patents.google.com/patent/US580035A/en (page consultée le 28 octobre 2020).

Gulluni, Sébastien (2011), « Un système interactif pour l’analyse des musiques électroacoustiques », Traitement du signal et de l’image, Télécom ParisTech (En ligne, https://pastel.archives-ouvertes.fr/pastel-00676691/document (page consultée le 28 octobre 2020).

Johnson, Nelly (2004), La petite histoire de la musique, Éditions NJART, Mayenne (En ligne),

https://bit.ly/3e7mACz (page consultée le 28 octobre 2020).

Miclet, Frédérick (2005), Interactions entre technologie et création musicale, Interactions entre technologie et création musicale, Mémoire de recherche, CEFEDEM Rhônes-Alpes ligne, http://www.cefedem-aura.org/sites/default/files/recherche/memoire/miclet.pdf (page consultée le 28 octobre 2020).

Risset, Jean-Claude (1985), « Le compositeur et ses machines : de la recherche musicale », Esprit, Mars 1985, no 99 (3) pp. 59-76 (En ligne), https://www.jstor.org/stable/24270419 (page consultée le 28 octobre 2020).

Fiche créée pour le cours FTRA 411/611 – Terminologie et mondialisation (automne 2020, Université Concordia)